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Phytos et semences Bayer finit par racheter Monsanto pour 59 milliards d’euros

Le chimiste allemand a dû relever à plusieurs reprises son offre pour acquérir le géant américain et former le leader mondial du secteur.

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Le chimiste allemand Bayer a annoncé le 14 septembre 2016 avoir acheté, au terme de plusieurs renchérissements, le géant américain des semences et des produits phytosanitaires Monsanto. Cette acquisition qui devrait être bouclée d’ici à la fin de 2017 est la plus chère jamais payée par un groupe allemand.

Bayer et Monsanto ont signé un « accord de fusion définitif », au prix de 128 dollars par action (114 euros). Cela donne une valeur de 66 milliards de dollars (presque 59 milliards d’euros) au fabricant américain de l’herbicide Roundup (glyphosate). « Sur la base du cours des actions de clôture de Monsanto du 9 mai 2016, veille de la première proposition écrite de bayer à Monsanto, l’offre représente une prime de 44 % par rapport à ce prix », rapporte Bayer dans son communiqué. Monsanto ne s’est pas laissé convaincre facilement et il a fallu que Bayer relève à plusieurs reprises son offre (la dernière fois, le 13 septembre) d’obtenir l’accord de l’américain. La toute première offre formulée en mai était de 122 dollars par action, soit un montant total déjà conséquent de 55 milliards d’euros.

Par ailleurs, Bayer s’engage à verser une indemnité de 2 milliards de dollars à Monsanto, si l’opération échouait, preuve de sa confiance dans sa capacité à obtenir le feu vert des autorités de la concurrence.

« Cette transaction regroupe deux entreprises différentes, mais hautement complémentaires, estime Bayer. L’entreprise née de la fusion bénéficiera du leadership de Monsanto dans le segment Seeds & Traits et de la plate-forme Climate Corporation avec la vaste gamme de produits Crop Protection de Bayer. »

23 milliards d’euros de chiffre d’affaires

Le groupe allemand précise par ailleurs que « l’opération permettra également le regroupement des principales capacités d’innovation et des plates-formes de technologie de recherche et développement (R&D) des deux entreprises, avec un budget en R&D pro forma annuel d’environ 2,5 milliards d’euros. À moyen et long terme, l’entreprise née de la fusion sera en mesure d’accélérer l’innovation et apportera aux clients des solutions et des produits optimisés, basés sur des connaissances agronomiques et analytiques et soutenus par les applications de l’agriculture numérique. »

À eux deux, Bayer et Monsanto représenteront un géant mondial dans le secteur, pesant 23 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel (chiffre pro forma 2015) et regroupant pas loin de 140 000 salariés.

Le siège de l’activité globale Seeds & Traits (semences) et le siège commercial nord-américain de l’entreprise agricole née de la fusion seront basés à Saint-Louis (Missouri), le siège de Monsanto. Le siège mondial de Crop Protection (protection des cultures) et de l’activité globale de Crop Science sera basé à Monheim (Allemagne), le siège de Bayer. « L’entreprise issue de la fusion aura un site d’importance à Durham (Caroline du Nord) et comptera de nombreux autres sites répartis dans tous les États-Unis et dans le monde entier. Les activités Digital Farming de la nouvelle entreprise seront basées à San Francisco (Californie) », précise le communiqué de Bayer.

Les ONG, qui y voient un « mariage infernal »

En Allemagne, où l’opposition aux OGM est farouche, la reprise de Monsanto par un des noms historiques de l’industrie nationale, dont les pesticides dits « tueurs d’abeilles » sont aussi décriés, est vue avec effroi par les ONG, qui y voient un « mariage infernal », et par nombre de politiques.

« L’acquisition de Monsanto signifie davantage d’OGM et de glyphosate dans les campagnes », tout ce que refusent les consommateurs, a encore averti l’ONG Campact mercredi. Mais dès le départ, le tout nouveau patron de Bayer, Werner Baumann, avait assuré « pouvoir gérer la réputation de Monsanto », espérant la contrebalancer par l’image de son propre groupe.

Certains agriculteurs aussi craignent de se retrouver pieds et poings liés face à un seul fournisseur pour leur approvisionnement en semences, engrais et pesticides.

Analyste chez DZ Bank, Peter Spengler « n’aime pas cette transaction » entre Bayer et Monsanto. « Bayer paie vraiment trop cher, en conséquence il va vraiment falloir qu’il en tire le meilleur », considère l’analyste.

Cette fusion intervient en effet dans un contexte de concentration dans le monde de l’agrochimie. Confrontés à la faiblesse mondiale des prix des matières premières, les américains Dow Chemical et DuPont ont décidé de se marier, ce que Bruxelles est en train d’examiner de près. Le chinois ChemChina veut aussi racheter le suisse Syngenta, un temps courtisé par Monsanto. S’il se concrétise, le rapprochement ChemChina-Syngenta deviendrait le deuxième groupe du secteur avec un chiffre d’affaires annuel de 14,8 milliards d’euros juste devant Dow-DuPont. La division de la protection des cultures de BASF resterait seule derrière avec un chiffre d’affaires annuel de 5,8 milliards d’euros.

Le groupe allemand a refusé de se jeter dans l’arène pour le rachat de Monsanto, mais regarde avec attention les éventuelles cessions d’activités que les autorités de la concurrence pourraient exiger.

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